JUDAS PRIEST: Maitres incontestés du game !

Est-il seulement possible pour tout artiste digne de ce nom de rester au sommet de son art pendant 50 ans ? En général, le pic créatif des groupes de Hard et Metal dure entre 5 et 10 ans tout au plus et nos idoles ( devenues légendes dans l’intervalle ) n’avaient certainement pas prévu de durer jusqu’à un demi-siècle pour les plus tenaces… Leurs réussites au long cours sont d’ailleurs pour le moins mitigées. Car au delà du fanatisme aveugle de leurs fans hardcore, que reste t’il des livraisons récentes de Metallica, Iron Maiden ou encore AC/DC ? JUDAS PRIEST est le contre exemple qui confirme la règle. Il vient de livrer son meilleur album depuis Painkiller, le dernier de sa période glorieuse paru il y a 34 ans. Cette manière qu’il a de remettre à chaque fois son titre en jeu, se remettre en question pour toujours s’améliorer est absolument admirable à ce stade du jeu. Mais quel est alors le problème des légendes citées plus haut ? Un commandement défaillant qui autorise à ces stars tous les excès ? Un productivisme qui force à tourner en rond pour servir une fanbase hypnotisée qui on le sait achètera tout au final et pour qui séparer le grain de l’ivrai n’est plus une priorité depuis longtemps ? La permanence d’un marketing de marques qui véhiculent des valeurs un peu périmées mais qui génèrent encore des revenus confortables, dans un business où la musique justement n’est plus l’essentiel depuis longtemps ? Rassurez-vous il n’y a rien de tout ça chez JUDAS PRIEST, une maison qui a su rester artisanale et confectionne encore des classiques haute couture du Metal. JUDAS, c’est le Star Wars des metalleux ! Pour preuve, la triplette qui entame ce nouvel album est la meilleure depuis Defender Of The Faith. 15 minutes de foi et d’allégeance à cette cathédrale du Metal dont le PRIEST reste le plus digne représentant. Coups de massue soniques, débraillages lead et rythmiques étourdissants, accélérations dangereuses pour la pulsation cardiaque, un Metal God qui décoche des flèches vicieuses et inattendues sans crier gare… Autant vous prévenir de suite : Vous aurez le plus grand mal à vous remettre de cette introduction démentielle. Gates Of Hell poursuit dans une voie plus classique ( clin d’oeil appuyé à Bloodstone dans l’intro ) et Crowns Of Horns martèle un groove infernal qui laisse la part belle à Glenn Tipton. Diminué physiquement, Glenn a quand même tenu à contribuer à l’écriture de tous les morceaux d’Invincible Shield. Trial By Fire est un nouveau classique qui donnera sa pleine mesure sur scène ( à Lyon le 5 et Paris le 8 Avril prochain ) et Sons Of Thunder assène un de ces couplets/refrains vengeurs dont Rob & co. ont toujours le secret. Que dire du Metal God si ce n’est que son amour pour le Heavy Metal traditionnel est intacte et son organe toujours aussi impressionnant. J’aurai seulement 2 bémols à apporter: Pourquoi ne pas avoir retenu d’emblée les bonus tracks bien meilleures que d’autres bouches trous sur l’album ? Fight Of your Life par exemple, directement inspirée du Judas old-school ( période Stained Class ) ou Vicious Circle impitoyable avec son refrain entêtant. Enfin The Lodger sans atteindre les niveaux de ( Take these ) Chains ou Some Heads Are Gonna Roll ( du même compositeur ) aurait sans doute terminé l’album avec encore plus de magnificence. La production d’Andy Sneap également qui, à force de vouloir gagner à tout prix la Loudness War à l’oeuvre compresse trop le son du PRIEST et oublie parfois de laisser respirer les silences. Enfin bon à ce stade des opérations, Lars Ulrich, Steve Harris et Angus Young seraient bien avisés de s’inspirer de JUDAS PRIEST qui pour le coup apparait comme une école de résilience, d’abnégation et de passion pour la cause… 50 ans après ses débuts c’est un retour gagnant inespéré du mighty PRIEST et dans les règles de l’art, s’il vous plait. Longue vie aux dieux éternels du Metal !

Survivor ACE !

ACE FREHLEY aura donc survécu à KISS et de fort belle manière : 5 albums studio dont 3 de matériel original depuis Monster. Il les doit essentiellement à sa sobriété ( de 15 ans aujourd’hui ) et à sa légende car franchement, qui à part les fans hardcore et old school de KISS attend encore quelque chose de nouveaux de la part d’ACE FREHLEY en 2024 ? Les plus jeunes ont-ils même seulement remarqué la différence avec Tommy Thayer ? Alors que le microcosme s’emballe ( certains attachés de presse parlent de son meilleur album depuis 1978 ! ), ACE FREHLEY lui-même a évoqué un contenu susceptible de ridiculiser ses anciens compagnons d’arme… Le problème est qu’il avait déjà fait le coup avec Space Invaders il y a 10 ans, en réalité son pire album toutes périodes confondues ! Mais bon, le bonhomme garde un capital sympathie inaltérable malgré ses excès en tous genres et surtout une identité qui surclasse ses concurrents ( qu’ils soient masqués ou pas ). Un instinct inné pour les débraillages soniques aussi, qu’il faut absolument capter d’où qu’ils jaillissent. Il sait pertinemment que toute nouvelle sortie discographique ne sert à rien aujourd’hui mais contrairement à Paul & Gene lui continue pour le plaisir, même quand de business il n’y a plus ! Commençons d’abord par les choses qui fâchent : Les vocaux sur 10 000 Volts. ACE FREHLEY n’a jamais eu aucune capacité vocale particulière mais de là à lui octroyer 3 paires de couilles en fréquences graves. C’est fake et de nature à plomber certains titres quels que soient leurs intérêts musicaux : Cherry Medicine ( sonne comme un enfant de 5 ans en plein cours d’orthophonie qu’on aurait enregistré à son insu ), Back Into My Arms Again ( celle-là aurait vraiment gagnée à rester dans les tiroirs ) et Life of a Stranger ( si mal chantée qu’elle en devient risible ). Pourquoi s’entêter à vouloir faire “chanter” ACE ? Des pros comme Vini Poncia y étaient parvenus à l’époque en respectant son phrasé parlé et nasillard mais là… C’est juste du rendu semi-pro qui n’est même pas digne de la légende. Le son ensuite, numérisé à outrance à base d’échange de fichiers et liens htlm. Vous qui êtes nostalgiques du son organique d’Eddie Kramer, des signatures vibrantes d’ACE qui consistent à brancher une Gibson SG dans un Marshall et à pousser toutes les potards à fond.. En ces temps bien artificiels passez votre chemin ! Le songwriting enfin, car il est bon de rappeler que ACE FREHLEY c’est quand même Cold Gin, Parasite, Strange Ways, Shock Me, Rocket Ride, Rip it Out, Hard Times, Torpedo Girl, Rock Soldiers, Break Out, Shot Full Of Rock, Lost in Limbo… Et qu’il n’y a aucun titre de ce niveau-là sur 10 000 Volts. Toutefois, sa dernière association avec Steve Brown ( de Trixter ) et Bruno Ravel ( le français de Danger Danger ) dispose de quelques bonnes cartes dans son jeu : 10 000 Volts et Fightin’ For Life, 2 titres enlevés qu’ACE aura probablement tout le mal du monde à retranscrire sur scène. Un Walkin’ On The Moon au riff Pagien, Cosmic Heart avec son hommage appuyé à Mountain/ Leslie West ou encore Blinded qui convoque une fois de plus son aura inimitable. Apparemment ACE FREHLEY s’amuse bien avec sa dernière muse ( Lara Cove reste l’inspiration principale de 10 000 Volts, Walkin’ On The Moon, Cherry Medicine, Constantly Cute… ). Up in the Sky malgré un son boursouflé à l’extrême fait référence aux saillies d’antan ( telle New York Groove ) et Stratosphere l’instrumental obligatoire est plutôt digne de Fractured Mirrors. Alors au final est-il vraiment le meilleur ACE FREHLEY depuis 1978 ? Certainement pas, je lui préfère nettement Frehley’s Comet, Trouble Walkin’ ou encore son Spaceman d’il y a 6 ans. C’est plutôt un ACE Duracell que sur 10 000 Volts qu’on veut nous présenter aujourd’hui, bien boosté aux technologies numériques aussi. Mais le plaisir à voir perdurer hors du temps cette figure historique du Hard-Rock reste incomparable au moment où tant de soldats tombent chaque jour et toujours plus au combat… Alors rien que pour ça merci à toi cher ACE FREHLEY !

SAXON, écurie Sneap !

Des 3 monstres de Metal classique encore en activité, SAXON aura donc été le 1er à tirer en 2024. Il est probablement celui que j’aime le moins. A vrai dire l’ai toujours trouvé moins prestigieux que Judas Priest et moins brillant qu’Accept. Par son productivisme forcené, SAXON n’a pas toujours évité le piège de la redite ( en moins bon ) durant ses 45 ans de carrière. Il a fait sa mue de nombreuses fois : Heavy Metal anglais de la nouvelle vague, Hard FM lorgnant vers le marché US, retour aux fondamentaux Hard & Heavy dans la période grunge, Metal germanique au début du XXIème siècle et enfin tribute à lui-même à partir de 2010… Où en est-il au juste aujourd’hui ? Les 3 légendes précitées sont sous la férule d’Andy Sneap, le nouveau maitre étalon garant du son Metal au point qu’il est parfois difficile d’en garder les identités particulières. Le style Sneap consiste à assurer la permanence du style avec des méthodes d’enregistrement modernes. Dorénavant de Richie Faulkner à Wolf Hoffmann en passant par Brian Tatler ( nouveau duettiste chez SAXON ), on distingue relativement mal l’identité de nos chevilles ouvrières du Metal. L’important est leurs obédiences à un son érigé en cathédrale du Metal. Heureusement qu’il reste les chanteurs me direz-vous… Et bien là encore, Biff Byford prend ici des intonations à la Mark Tornillo assez frappantes. Car il ne faudrait pas que SAXON fasse du sous-Accept et Judas du sous-Saxon, que diable ! Vous l’aurez compris pour aimer le nouveau SAXON mieux vaut apprécier Andy Sneap dans sa capacité à uniformiser toutes les productions qu’il supervise. A t’il aussi une influence sur les tempos de nos poulains ? L’âge aidant, ces vétérans du Metal ont une fâcheuse tendance à ralentir. Le SAXON qu’on a connu et aimé a toujours été fit, véloce et sec comme un bambou. Sur Hell, Fire & Redemption on a qu’un seul tempo foncièrement speed ( Fire & Steel ) à se mettre sous la dent. L’autre point commun de nos ancêtres préférés est qu’ils n’ont plus qu’un seul membre originel dans leurs formations respectives. Avouez que cela n’aide pas franchement à l’affirmation de leurs spécificités. Cela étant dit, j’avoue avoir été surpris par la bonne tenue générale de Hell, Fire & Redemption. SAXON parvient à captiver son audience du début à la fin par un florilège de tempos moyens correctement assénés, de guitares incendiaires et de vocaux superbement maitrisés. Les références à la mythologie du groupe ( de 1979 à 81 ) y sont nombreuses comme celles à Judas Priest ( bruitage de l’intro de Starbreaker repiqué avant There’s something in Roswell ) et Accept ( c’est Madame Guillotine ou Princess Of The Dawn ? ). Au final on passe quand mêm un bon moment et on s’aperçoit que l’intégration apparemment définitive de Brian Tatler est passé comme une lettre à la poste ! Avec un peu plus de personnalité la prochaine fois ce sera parfait messieurs ! Et d’ici là, la suite les 8 Mars et 28 Avril prochain…

ROCK CITY MACHINE CO : Tribute band ou nouvelle sensation Hard-Rock ?

Un tribute band peut-il devenir un vrai groupe sur le tard ? Depuis les Beatles au Star Club d’Hambourg, les aspirants rocker du monde entier savent très bien que les reprises ( aussi bonnes soient-elle ) ne permettent jamais de dépasser le stade de clubs en mode beuveries ou karaoké du Samedi soir. Mais après 60 ans de music-business et compte tenu de la marginalisation de nos idoles du rock au XXIème siècle, la donne a fini par s’inverser. The Big Rock Show est un tribute band premium qui exerce à Nashville depuis 10 ans et parvient même à en vivre toute l’année…Il est tellement bon qu’en 2017 Gene Simmons l’a embauché sur sa tournée promotionnelle destinée à écouler un maximum de Vaults ( les archives personnelles de Gene ) à prix exorbitants. Et quand Ace Frehley a croisé son chemin l’année suivante, il est reparti avec le même groupe ! Puis en 2021 ce fut au tour de Philip Shouse d’intégrer le Accept de Wolf Hoffmann. Voilà qui situe la compétence de Rock City Machine Co, ou quand un tribute band de luxe se hisse sans problème au niveau du rock business mondial ( ou du moins ce qu’il en reste ) ! Aujourd’hui ses membres fondateurs Ryan Spencer Cook, Jeremy Asbrock et Philip Shouse ont décidé de franchir le pas et nous offrir 7 compositions originales et une reprise de Bob Seger ( le Ramblin’ Gamblin’ Man de 1969 ). Associés à Marti Frederiksen ( le faiseur de tubes d’Aerosmith, Mötley Crüe ou Buckcherry entre autres clients ) ils évitent bien des écueils à qui souhaite taquiner le graal des heures glorieuses du Hard-Rock : Production soignée, interprétations de haute volée, rendu général convainquant. A priori vous ne serez pas déçu par un manque de ceci ou cela, comme c’est si souvent le cas dans 90% des productions actuelles. Les compositions ont l’évidence des pros américains qui ne laissent rien au hasard. Je pense en particulier à Can’t Stop The Rain et Fallin’ In Love impeccables dans leurs puissances Hard-Rock. Et le reste alors ? Et bien on a tout de même l’impression d’avoir entendu ça 1 000 fois ailleurs : Summer Song c’est au choix Ratt ou Y&T ( période Summertime Girls ), When Trouble Finds You le Cinderella de Long Cold Winter, High Road le Aerosmith lacrymal d’après 1987… Au point que ces propres compositions pourraient presque faire penser à des inédits des groupes précités ! Il manque manifestement une star à ce groupe, ce qui serait de nature à lui procurer une identité plus forte. Mais le but n’est-il pas justement de ne pas choisir pour mieux capter l’audience par l’évocation nostalgique d’une époque révolue…Celle des grandes messes Hard-Rock des années 1970/80 ? Au final Rock City Machine Co reste néanmoins du bon gros Hard-Rock ricain bien travaillé comme on l’aime depuis toujours. Sommes-nous en mesure d’exiger autre chose à ce stade des opérations pour 2024 ?

ROLLING STONES 2023/ Les intouchables.

Les Rolling Stones sont-ils toujours les meilleurs 60 ans après leurs débuts ? La révolution musicale et culturelle qu’ils ont porté est-elle encore d’actualité ? L’idéal de défiance et de liberté qu’ils ont si souvent incarné est-il encore plausible aujourd’hui ? A l’écoute de leur 1er album de chansons originales depuis 18 ans, on peut répondre oui sans hésitation. Pourtant la concurrence à l’accession au trône est rude et à priori le temps ne joue pas en faveur des vieux rockers ( time waits for no one ). Les Rolling Stones eux demeurent concentrés sur leur propos et plus déterminés que jamais à ne pas mourir. Ce ne sera donc pas encore pour cette fois-ci… Certes Charlie Watts aura été le 1er historique à décrocher les percu(s) mais il avait pris soin de leur intimer l’ordre de continuer en désignant un successeur légitime avant le grand départ. En l’occurrence Steve Jordan, qui insuffle ici un sang neuf vital à tout orchestre de Rythm & Blues qui se respecte. Venons en de suite au son de Hackney Diamonds : Il est chaud, vibrant, plein, énorme ! Ouvert à toutes les influences qui ont fait les ROLLING STONES et faisant fi des tentations diverses au surgras dans les productions actuelles. Quel a été le rôle exact du producteur dans la résurrection de nos chers ROLLING STONES ? Je dirai celui d’un magicien. On raconte que Andrew Watt est parvenu à boucler le projet Hackney Diamonds en 2 mois seulement et qu’il a même pu dire non à Mick Jagger ! L’inspiration maintenant : On sent sur Hackney Diamonds une volonté particulière d’être à la hauteur de l’histoire, ce qui n’a pas toujours été le cas avec les STONES ( remember Undercover, Dirty Works, Steel Wheels… ). Angry plante le décor Stonien en cinémascope. il est une mise en bouche classieuse et inclusive qui rappelle Start Me Up. Get Close est une merveille de rock lumineux et faussement simpliste qui ravive même le souvenir du sax de Sonny Rollins ( celui de Slave ). De facture plus classique, Depending on You coche toutes les cases de la ballade romantique à la Jagger ( depuis Angie ). Puis arrive Macca is a Punk Rocker… heu je veux dire Bite your Head off. Paul Mc Cartney y rapporte sa morgue adolescente du Star-Club d’Hambourg ravi qu’il est de pouvoir se cantonner uniquement à ce nouveau role de bassiste énervé. Son son de basse fuzz est juste incroyable ! Il y a d’ailleurs une attention particulière apportée à la basse sur tout l’album, qu’elle soit tenue par Keith, Ronnie, Andrew Watt ou Bill “the ghost” Wyman himself de retour sur un titre. Je trouve que Whole Wide World est le hit stonien par excellence: Impeccablement joyaux, enlevé et rock’n’roll ! Ensuite Dreamy Skies doit faire redescendre le rythme cardiaque de tout le monde, c’est important à cet âge-là. Il est une superbe resucée de country rock entre Dead Flowers et Sweet Virginia. Véritable tornade de vitalité, Jagger le combattant prend un malin plaisir à faire sonner Mess It Up comme un funk rock dansant malgré la présence posthume de Charlie Watts ( quelle charley… ). Car pour le Jag’ la vie doit toujours triompher de tout. Live by the Sword qui réunit une dernière fois Bill et Charlie est un bonheur instantané toutes guitares dehors. On est frappé ici par le fait que Mick Jagger reste bien à sa place et se veuille respectueux de l’oeuvre gigantesque qu’il a co-fondé avec le Riffmaster. C’est cet héritage-là qu’Hackney Diamonds encapsule à merveille. Comme il parait loin le temps des Too Much Blood et autres Winning Ugly… Gardien de l’orthodoxie et du temple, Keith Richards n’a jamais eu ce problème ( mais il en a eu bien d’autres avec son putain de chanteur ! ). Comme Keith son titre obligatoire ( Tell Me Straight ) est émouvant, direct et sans fioriture. Je signale au passage qu’il est maintenant impossible de distinguer Keith Richards et Ronnie Wood tant ces 2 pirates là sont les 4 mains d’un même coeur. Puis déboule Sweet Sounds of Heaven… On reste sans voix devant la puissance de cette tranche de zic quasi biblique. C’est la musique de nos vies, une orgie de gospel rock soul réhaussée par la voix de Lady Gaga ( telle Merry Clayton sur Gimme Shelter ). Puis comme avec Ozzy, Andrew Watt termine l’album par un retour aux sources : Le Rolling Stones Blues de Muddy Waters avec Mick et Keith à l’électro-acoustique seuls comme en 1962… Aujourd’hui les Rolling Stones ont réussi l’impossible : Rester sans conteste le plus grand groupe de rock’n’roll au monde, même en 2023. L’ album musical de l’année redonne foi en l’humanité.

RAVEN 2023 : Toujours au TOP 45 ans plus tard !

Un phénomène unique en son genre… C’est ainsi que l’on peut qualifier le retour aux affaires de RAVEN depuis 2010 car connaissez-vous beaucoup de groupes de Metal historiques capables de revenir à leurs meilleurs niveaux à 40 ans d’intervalle ? C’est pourtant ce qu’accomplit RAVEN dans une montée en puissance qui s’est même accélérée depuis le recrutement du batteur Mike Heller ( Fear Factory, Malignacy, The Lucid ) il y a 5 ans. Leurs contemporains encore en activité Iron Maiden et Saxon voir leurs rejetons du Thrash Metal ( Metallica, Megadeth ) feraient bien de s’en inspirer tant leurs offrandes à eux sont laborieuses aujourd’hui. En fait RAVEN pratique le Metal tel qu’il aurait du toujours rester : Pur, inspiré, viscéral, dans son jus ! A ce stade avancé de leur carrière ils apparaissent même comme un joyaux jalousement gardé par tous ceux qui savent. La passion qu’ils déploient à perpétrer un style qu’ils ont crée il y a 45 ans est tout bonnement unique dans l’histoire de notre mouvement. En 2020 Metal City était déjà revenu au niveau de All For One avec le retour aux manettes de Michael Wagener. Le All Hell’s Breaking Loose qui parait aujourd’hui enfonce le clou dans un degré de folie peut-être supérieur… Quel festival de puissance et de technicité en seulement 37 minutes et 10 titres au compteur ! Certes il faut se faire l’oreille pour plonger dans l’univers exigeant de RAVEN mais une fois que vous êtes dedans, ils vous le rendent toujours au centième ! L’affirmation du style RAVEN ne transige avec aucune limitation d’ordres commerciale, marketing ou autres. Les mots et la détermination de John Gallagher ( basse, voix ) claquent dans une vision d’apocalypse qui obligent les humains à défendre leurs précarrés pour survivre. Sa dextérité instrumentale nullement mise en défaut développe une approche progressive qui n’est pas sans rappeler Rush ( mais dans un style foncièrement différent ). Mark Gallagher ( guitares ) déploie l’artillerie lourde en matière de riffs casse-nuques et de solis extraterrestres. A 65 ans passés Il explose toujours les têtes avec une frénésie qui force le respect. Mais la vrai trouvaille est sans aucun doute le batteur Mike Heller dont la puissance et la dextérité de baguettes propulse RAVEN de nouveau à son meilleur niveau aujourd’hui, la technicité percussive en plus ! Ainsi on peut headbanger comme dans les années 80 de nouveau mais avec un vrai risque de se briser la nuque aujourd’hui… Vous aurez compris que RAVEN est un rêve éveillé pour les passionnés que nous sommes et produire un disque aussi fou que All Hell’s Breaking Loose 45 ans après sa naissance au monde relève du miracle. Très impressionnant vraiment !

GRANT HAUA : Le bluesman Maori qui vous veut du bien !

Toute la beauté des labels indépendants est parfois d’aller chercher des talents inconnus loin, très loin de leurs camps de base. Ainsi l’activisme forcené de Dixiefrog Records a mené André Brodski et François Maincent en terre Maori ( Nouvelle- Zélande ) pour ramener en France une pépite, que dis-je un géant de la musique qui groove: Le dénommé GRANT HAUA. J’avais eu la chance de le voir évoluer en solo acoustique avant Fred Chapellier il y a peu et je peux vous dire que ce voyage initiatique de DixieFrog vaut vraiment le déplacement. Quelle est la dernière fois où vous avez découvert un artiste qui a tout et touche droit au coeur par la seule force de son art sans aucun filet de sécurité ? La maitrise vocale et instrumental de ce bluesman Maori est intense et son terrain de jeu celui d’un Rythm & Blues puisé sans la Nouvelle Orleans ! Les Meters, Allen Toussaint, Little Feat voir Robert Palmer ( du moins jusqu’en 1976 ) ça vous dit encore quelque chose ? Il fut un temps glorieux où ces grands artistes avaient tout eux-aussi et GRANT HAUA est clairement de cet héritage-là. La puissance d’inspiration de GRANT HAUA est telle qu’on croirait entendre par endroits John Hiatt dans cette manière commune de faire claquer des intonations sur les syncopes du groove. Cette capacité rare procure à GRANT une identité immédiate. Foncièrement électrique, son nouvel album MANA BLUES lui permet de lâcher les chevaux comme jamais. 2 titres immenses s’imposent d’entrée de jeu : Le 1er single Embers et Pukehinahina ( featuring The Inspector Cluzo ). Tous deux sont sous tendus par les récits de graves pillages du peuple arborigène néozélandais par l’envahisseur anglo-saxon. La musique et le chant habité de GRANT font le reste ! Mention spéciale à The Inspector Cluzo dont l’approche rurale d’un blues énervé scie parfaitement au cri de douleur que GRANT dédie à ses ancêtres ! Il y a aussi Jealousy qui dresse les poils dans une vérité poignante et le son cristallin que parvient à sortir GRANT avec une facilité déconcertante… Puis vient Time Of Dying oui, on parle bien de la pièce centrale du Led Zeppelin sur Physical Graffiti composée par Blind Willie Johnson. GRANT HAUA se l’approprie avec un brio que Jimmy Page lui-même ne renierait pas. Blame it on the Monday est comme un inédit de Little Village avec une autre performance vocale étourdissante de GRANT et une dextérité de doigts qui peut même faire penser à Ted Nugent. Aches et Bad Mojo sont tellement Feelgood(s) qu’elles feront assurément tourner les tables du Jazz Club Etoile le 23 Septembre prochain, quand GRANT HAUA s’y produira avec Neal Black pour la release party de son album. Cette musique à la joie contagieuse devrait être reconnue d’utilité publique au pays de la morosité et des plus grands consommateurs d’anxiolytiques au monde… On sort revigoré par le positivisme et l’espoir que procure la musique humaniste de GRANT HAUA. Ne passons pas à côté de cette légende des antipodes puisqu’elle nous est donnée aujourd’hui à portée de main. Et comme son MANA BLUES sort le jour du match d’ouverture de la Coupe du Monde de Rugby des All Blacks contre la France… Je dis allez GRANT HAUA !

BUCKCHERRY 2023 : A la puissance 10.

Dans le genre groupe qui avait tout et qui n’a jamais vraiment réussi j’appelle mes chouchous de L.A : BUCKCHERRY ! Même si on sait depuis toujours que la France ne comprend pas grand chose au rock’n’roll est-il normal qu’un groupe du rang de BUCKCHERRY soit uniquement cantonné en France au Forum de Vauréal ( le 10 Février prochain ), à l’Empreinte de Savigny voir au sympathique Raismes Fest ( car cela finira bien par arriver un jour à ce rythme-là ) ? On parle ici d’un Hard Rock Sleaze dans la lignée d’Aerosmith matiné Guns & Roses avec une puissance de feu d’obédience AC/DCienne et jusqu’à Back in Black uniquement ! Le style même qui enflammait la planète Rock mondiale avant que le Rap ne vienne tout rafler… D’ailleurs quel est le dernier super groupe du genre à avoir tenté d’empocher la mise à un niveau mondial ? Moi, je dirais Velvet Revolver dont Joss Todd le frontman en chef de BUCKCHERRY a porté toute la génèse avant l’intronisation de Scott RIP Weiland voulue par Slash. Quand je vous dis que BUCKCHERRY joue depuis toujours dans le cour des grands ! Il n’a pourtant jamais dépassé un succès d’estime ici alors qu’il en a toutes les qualités requises. Est-ce parce que le rock’n’roll sale et dangereux perd un peu plus de terrain chaque jour ? 10ème opus donc aujourd’hui pour mes protégés et un 1er constat : L’inspiration est encore au rendez-vous 25 ans après la formation du groupe ( ce qui est assez rare pour être relevé ). En 2017, BUCKCHERRY a pourtant du faire face au départ de son lieutenant Keith Nelson, pourvoyeur des riffs insensés du groupe depuis toujours. C’est désormais Josh et Stevie Dacanay qui s’y collent avec brio, aidés il est vrai par Marti Frederiksen le faiseur de tubes d’Aerosmith depuis au moins 20 ans ( entre autre clients ). En 2020 ils ont finalement enrôlé Billy Rowe co-fondateur des Jetboys, à la 2ème guitare. Hormis une ballade réglementaire que Joss honore de son allant habituel, c’est donc 9 castagnes de rue diablement bien troussées qui nous sont proposées ici. Après un chorus 50’s du meilleur effet, This and That plante le décor d’un groove poisseux et fédérateur. Good Time drive la machine comme si Guns & Roses était resté bloqué sur la touche Appetite. La production déjà énorme est cette fois au service de la puissance collective que le groupe entend dégager. Est-il raisonnable d’accélérer dès le 3ème morceau ? BUCKCHERRY s’en fout et trace sa route vers une extase Hard-Rock sur la seule foi de son fighting spirit ! Quelle entame mes amis… Turn It On emprunte un pont boogie à Paradise City tel un hymne de stadium rock sans pour autant faire dans le copier/collé. A ce stade on est déjà salement amochés par cette déferlante sonique donc Fells like Love arrive à point nommé pour nous accorder 3 minutes et des poussières de répit. Le métier de Frederiksen se fait bien sentir dans cette ballade pas larmoyante pour un sou et l’emploi discret d’instruments à cordes. Après cette pause salutaire on repart dans le baston énervé ( quoique toujours classieux ) avec One & Only. Notez des “ouh ouh” de circonstance bien agrémentés en fin de morceau. Shine Your Light déboule ensuite et je me dis que BUCKCHERRY a bouffé du lion avec ce Volume 10. Mais quelle niaque mes aïeux ! Let’s Get Wild est une rock’n’roll song comme on en écrit plus aujourd’hui, avec le gimmick d’introduction du solo de Hells Bells disséminé discrètement ( comme référence ultime ). Serait-ce une spécialité de Billy Rowe ( il avait déjà fait le coup sur le 1er Jetboy ) ? En tout cas on a du coeur et de l’engagement collectif dès le commencement du disque comme qu’on en voit plus aujourd’hui ! Cet album costaud est cohérent de bout en bout au point que celui qui découvrirait BUCKCHERRY 25 ans plus tard ( il n’est jamais trop tard après tout ! ) peut démarrer sans problème avec ce VOL.10 aujourd’hui. A prendre ou à laisser… Pour moi on tient là le meilleur BUCKCHERRY depuis leur 15 paru il y a 18 ans, tout simplement !

RAVEN: Les COVER KINGS.

Cas unique dans l’histoire de notre mouvement, RAVEN fêtera bientôt ses 50 ans d’existence sans la moindre concession aux pouvoirs malsains du music business ( hormis une tentative ratée d’Atlantic Records qui n’aura duré que 2 petites années seulement ). Admirables d’abnégation et de ténacité, ils auraient pourtant eu 1 000 occasions de laisser tomber mais c’est sans compter la conviction inébranlable des frères Gallagher ( les premiers, pas les deux autres… ) en leur art. Une nouvelle compilation résume idéalement l’intégrité de RAVEN durant 3 décennies. Le label HNE réédite aujourd’hui les 2 live at The Inferno ( 1984 ) et Destroy all Monsters ( 1995 ) mais également pour la 1ère fois cet album de covers qui était sorti sous le manteau en 2015. Le disque de cette année-là ( Extermination ) avait bénéficié d’une campagne de financement participatif et les heureux donateurs avaient reçu ce Party Killers en échange de leurs générosités. Et c’est là qu’on prend conscience que le miracle RAVEN n’est pas sorti de nulle part… Vers l’âge de 14 ans les frérots ont reçu la double onction originelle : Le concert d’Alex Harvey ( influenceur de Bon Scott ) et de Slade ( des référents pour KISS ) au Newcastle City Hall. Il y avait là sans doute de quoi ne jamais s’en remettre et s’inventer un destin…11 reprises particulièrement bien choisies résument le goût de RAVEN pour la démence sonique. Soit l’excentricité toute britannique des grands anciens qui ont fondé le lexique Hard-Rock moderne revisitée à la sauce Athletic Rock ! Pour démarrer Fireball ( Deep Purple ) est enchainé direct avec le Bad Reputation de Thin Lizzy. C’est à la fois puissant et respectueux de la trame classique des dits morceaux sans que les originaux ne viennent à manquer. He’s a Whore déboule sans prévenir en N°3, ça tombe bien c’est le morceaux le plus punk’n’roll de Cheap Trick parfaitement adapté à l’attitude no-shit de RAVEN. Enorme feeling jumelé des Gallagher eux-mêmes totalement légitime à incarner ce chef d’oeuvre ! La dinguerie suivante est signée Budgie, une autre influence majeure de RAVEN par sa capacité incontestable à riffer bordeline ( comprendre hors des sentiers battus ). A ce stade In for the Kill aurait même pu être composé par RAVEN tant ils se montrent capables de se l’approprier en contrôle total du propos. Is there a Better Way ( Status Quo ) envoyée pied au plancher vous rendra totalement maboule ! Ce boogie d’origine contrôlée est maintenu et même propulsé vers le Power Metal. RAVEN aime à surprendre son monde avec par exemple cette reprise destructrice du Edgar Winter Group ( Queen of my Dreams ). Viennent ensuite Too Bad Too Sad ( Nazareth ), Cockroach ( The Sweet ) et Tak Me Bak Home ( Slade ) phénoménales de méchanceté et surtout dotées de l’humour typique de ces anglais fondateurs ( avec un sens inné du songwriting aussi ). Enfin le Hang On To Yourself de Ziggy Stardust vous enverra direct au tapis ! A titre personnel j’aurai préféré un Tyrant ou Killing Yourself to Die à la place de cet Ogre Battle raté ( n’est pas Freddy Mercury qui veut…) pour parachever l’un des meilleurs disques de reprises de tous les temps. En résumé comme RAVEN ne déçoit pas. Il brûle même littéralement sur Party Killers ! A vous maintenant de choisir votre dinguerie de l’été !

MOTÖRHEAD 2007 : We play rock’n’roll, in Montreux !

Le voilà enfin le digne successeur de No Sleep til’ Hammersmith ! 42 ans que les fans les plus acharnés attendaient ça, un live parfait qui rende compte de la puissance atomique de MOTÖRHEAD en live. Je m’explique : Le management du groupe n’a jamais été trop regardant sur la quantité des live de MOTÖRHEAD qui inondent le marché depuis 35 ans et cette tendance s’est même accentuée après le départ du patron/ totem du Hellfest, souvent au détriment de la qualité. Après tout l’objectif est de rassasier les fans orphelins de leurs shoots annuels de MOTÖRHEAD depuis Décembre 2015 . La collection The Lost Tapes ( Heilbronn 84, Madrid 95, Mälmo 2000 ) est à ce titre plus que discutable, d’autant que cette rareté est organisée et l’inflation de l’acquisition obligatoire ( foutus Record Store Days ! ). La prestation du 07 Juillet 2007 dans l’auditorium Stravinski de Montreux est captée elle de manière optimale à un moment où MOTÖRHEAD est de nouveau en pleine bourre. Il n’est sans doute pas si facile de capter la folie de MOTÖRHEAD dans les conditions du live: Cela revient à dégager la part d’humanité d’un bombardier au décollage. Néanmoins les techniciens de précision de Claude Nobs y sont parvenus sans problème ! L’album récent ( Kiss of Death ) est aussi le meilleur des 15 dernières années de MOTÖRHEAD, de plus Lemmy est heureux et amoureux ( de Christine, aka Moa Holmsten du groupe suédois Meldrum ). L’écrin du prestigieux Jazz Festival de Montreux pousse le groupe à renouveler le choix des morceaux retenus dans la set-list du soir ( Snaggletooth en ouverture, I Got Mine du mal aimé Another Perfect Day, Rosalie en hommage à Phil Lynott ), ce que Lemmy rechignait à faire la plupart du temps. Voici donc les conditions préalables à un concert d’anthologie ! J’avais vu le lancement de cette tournée à Barcelone au lendemain d’un concert dantesque de Ted Nugent et je pensais à tort qu’ils ne pourraient jamais s’approcher de l’aura de l’autre cinglé de Detroit. Ce live à Montreux prouve exactement le contraire: Passion d’un rock ramené à son essence, précision d’horloger suisse ( il valait mieux à Montreux… ), puissance collective pour un impact maximal et défiance anti-système ont clairement caractérisé les prestations des 2 meilleurs power trio du monde cet été-là ( un Gonzo près de ses sous évoluait déjà en trio à cette époque ). Sans être jazz évidemment, Whorehouse Blues définie au mieux l’approche acoustique du son selon MOTÖRHEAD. Précisons que les problèmes de santé de Lemmy remontent à 2011 et qu’une musique aussi vibrante que celle de MOTÖRHEAD allait forcément être impactée par la santé de plus en plus chancelante de son capitaine. Ici, il est encore au sommet de sa forme et de son charisme ( Over The Top est jouée à peu près 2 fois plus vite que sur les dernières tournées sans solo de guitare en vue ! ). Mikkey Dee booste le concert de sa frappe de malade du début à la fin, Phil Campbell est lui aussi dans un grand soir ( particulièrement sur les morceaux issus des 2 derniers albums en date ) et Lemmy maltraite une audience helvète sans doute un poil moins avertie qu’à l’accoutumée. “Is it Jazz enough for you ? ” demande t’il le sourire en coin… Pas de temps morts du début à la fin : Ils étaient MOTÖRHEAD et ils jouaient du Rock’n’roll !